Le Comité de la Vienne soutient les actions de l'A.A.V.F par exemple à propos de l'agent orange, des actions humanitaires en faveur des ethnies des hauts plateaux de la région de Hué, des rencontres avec les participants de voyages au Vietnam, des conférences avec films...

mercredi 17 octobre 2012

Nos enfants de Hué

Nos enfants de Hué 

Association humanitaire Chauraisienne d'aide aux enfants Vietnamiens en difficulté

Rencontres avec le Vietnam

Conférences et expositions

Vendredi 5 octobre

Samedi 6 octobre


Temple de Chauray


Vendredi 5 octobre:

18h30: "Présentation des réalités géographiques et humaines du Vietnam contemporain" par M.Cosaert, conférencier à La Rochelle.

20 : pot d'inauguration

Samedi 6 octobre :

14 à 18 h : films et documentaires présentés par M.Serre, conférencier professeur au lycée de l'Image et du Son d'Angoulême.

Rêves d'ouvrières - films documentaire réalisé par Tran Phuong Thao

Me Thao  - "Il fut un temps" - film réalisé par Nguyen Viet Linh
Pollution et sens commun - Réalisé par François Serre.

Expositions visibles au Temple du vendredi 5 à 18h30 au dimanche 7 de 14h à 18h.

Entrée libre pour toutes les manifestations



Ils ont la passion du Vietnam

Ils ont la passion du Vietnam

L’association d’amitié franco-vietnamienne (AAFV) œuvre pour le développement des relations entre les deux pays.


 Article de la Nouvelle République de Olivia Mongin, 21 juillet 2012

       Paul Fromonteil et Marie-Thérèse Amand, une adhérente de l'association. « Je suis tombée sous le charme de ce pays », déclare-t-elle. Paul Fromonteil et Marie-Thérèse Amand, une adhérente de l'association. « Je suis tombée sous le charme de ce pays », déclare-t-elle. 
La France et le Vietnam unis par l'Histoire. Ces liens, l'association d'amitié franco-vietnamienne souhaite les préserver dans « un dialogue de civilisations », souligne Paul Fromonteil, président de l'A.A.F.V dans la Vienne. « Cette collaboration a pour but de favoriser le vivre-ensemble dans un monde de fraternité », poursuit l'ancien vice-président de la Région Poitou-Charentes.

Une coopération dans tous les domaines

Des partenariats en termes de formation ont été créés entre le Vietnam et ce territoire. Les universités de Poitiers et de La Rochelle conduisent des programmes avec des universités du Vietnam. Ainsi l'Ecole nationale supérieure de mécanique et d'aérotechnique (Ensma) et l'Institut polytechnique d' Hanoï et Ho-Chi-Minh-Ville ont signé une convention qui aboutit à la création d'une filière francophone dans l'aéronautique. En neurologie, le CHU de Poitiers apporte son savoir-faire aux hôpitaux d'Hanoï et Ho-Chi-Minh-Ville. A La Rochelle, c'est dans l'ingénierie informatique que cela s'est fait. Mais la culture n'est pas en reste. De nombreuses créations ont vu le jour comme le premier orchestre symphonique vietnamien. Une semaine vietnamienne est d'ailleurs prévue. C'est donc dans ce cadre que l'AAFV 86 et la Région proposent de découvrir les expositions du photographe poitevin Sébastien Laval. Grand passionné lui aussi de ce pays d'Asie il déclare : « J'ai découvert le Vietnam en 1995. Mon travail porte sur l'évolution de cette société à travers la diversité de leur architecture. Le public pourra voir mon œuvre à la Maison des Architectes de Poitiers de septembre à novembre 2013. Cependant je m'intéresse également aux ethnies minoritaires du pays ». 53 ethnies qui ne représentent que 20 % de la population et qui sont en pleine mutation. « Ce sont des peuples nomades qui ont été sédentarisés. Ce sont de véritables richesses qui sont en pleine mutation », explique-t-il. Ces beautés, il envisage de les montrer lors d'une autre exposition. Probablement en 2014. L'AAFV a quant à elle un autre cheval de bataille : la lutte contre ce poison nommé « l'agent orange » qui tue et entraîne cancers et cas de malformations. D'où cette pétition lancée pour dénoncer le contrat de sponsoring entre le comité olympique et la société américaine Dow Chemical, l'un des fabricants de cet agent orange. Larmes aux yeux, Paul Fromonteil « crie au scandale ». Pour eux maintenir des relations mutuelles fortes, cela passe aussi par là.

Olivia Mongin

Vingt ans de coopération avec le Vietnam

Vingt ans de coopération avec le Vietnam

 

Neurochirurgie

Article de  Gaelle Chiron, Actualité Poitou-Charentes


«Transmettre notre savoir fait partie de notre mission.» C’est avec cette philosophie que Françoise Lapierre, neurochirurgienne à Poitiers, part depuis 1992 au Vietnam. Des missions qu’elle effectue deux à trois fois par an. «Dans les années 1990, des universitaires vietnamiens ont contacté plusieurs neurochirurgiens français pour les aider. Ils sont allés en éclaireurs dans le pays. J’ai moi-même été contactée par le professeur Guy Borne de Perpignan et Françoise Roux de Paris», raconte Françoise Lapierre. Depuis, elle a porté cette mission à Poitiers avec beaucoup de force.

Dans les hôpitaux d’ Hô-Chi-Minh-Ville ville et de Hanoï. 

L’objectif, sur place, est de structurer un enseignement avec des cours, des examens, des ateliers pratiques avec dissection et des opérations en équipe. Des neurochirurgiens de toute la France partent en équipe pendant deux à trois semaines. Ils agissent dans trois hôpitaux à Hô-Chi-Minh-Ville et Hanoï.
Pour financer ces missions, le programme compte sur le soutien du CHU de Poitiers par le biais de l’accord de coopération : une aide matérielle, une aide financière pour l’achat des billets d’avion, mais aussi en ressources humaines puisque le CHU finance des «postes fléchés». Ce sont des neurochirurgiens vietnamiens qui viennent un ou deux ans au CHU de Poitiers pour se former. Ensuite, ils deviennent référents à Hô-Chi-Minh-Ville et Hanoï. Cécile Béneux, directrice des relations internationales, explique pourquoi le CHU soutient cette coopération :
«C’est une coopération pragmatique et évaluable, emblématique de ce que l’hôpital recherche dans les échanges internationaux.» La Région Poitou Charentes, le Département de la Vienne, des associations et des laboratoires aident également au financement.

80 Chirurgiens vietnamiens

Depuis 2008 qu’elle est retraitée, Françoise Lapierre s’occupe davantage de ’organisation des missions : «Je planifie les opérations qui sont à faire sur place.»
Elle se concentre sur un programme de neurochirurgie pédiatrique. Au mois de mars 2012, elle est trois semaines sur place et a établi un programme de formation sur les séquelles neurologiques. Depuis le début de cette coopération, une quarantaine de neurochirurgiens ont obtenu l’un des deux diplômes inter-universitaires, en plus de la formation post universitaire qui porte alors à quatre-vingts le nombre de chirurgiens aidés par cette coopération.
Et si Françoise Lapierre continue de se rendre au Vietnam, même en retraite, c’est qu’elle «veut continuer un travail commencé. Quand les neurochirurgiens vietnamiens seront prêts, nous pourrons les laisser se débrouiller seuls. C’est d’ailleurs l’objectif.» Son souhait pour les missions à venir : «Cette coopération avec le Vietnam permet de former des jeunes des pays émergents. Mais pour le faire au mieux, il faut qu’eux puissent venir en France. Je regrette que cela soit de plus en plus difficile dans le contexte actuel.»
Quoi qu’il en soit, Françoise Lapierre et les autres chirurgiens participant à cette coopération font en sorte de partager leur savoir-faire dans une discipline qui demande une formation solide, parfois trop superficielle lors de la formation initiale vietnamienne.

Gaëlle Chiron

jeudi 11 octobre 2012

Passeurs de savoir

Passeurs de savoir


Les Universités de Poitiers et La Rochelle conduisent des programmes de coopération avec le Vietnam, de la formation des ingénieurs au développement de l’écotourisme.


Article d'Actualité Poitou-Charentes

Par Gaëlle Chiron Photos Sébastien Laval



D’

un côté, il y a l’État vietnamien et sa volonté de développer des universités d’excellence pour peser dans l’économie mondiale, de l’autre une Université de Poitiers qui développe, grâce à la recherche, un savoir-faire et des techniques susceptibles d’être exportés à l’international. Une recette qui permet de développer, depuis 1995, des coopérations entre le Vietnam et l’université poitevine. tout commence par la signature d’une première convention de coopération entre l’Ensma et l’Institut polytechnique d’Hanoï et d’Ho-Chi-MinhVille pour créer une filière francophone dans l’aéronautique. «J’avais participé à plusieurs réunions avec des techniciens vietnamiens. J’ai fait le constat que pour vendre des avions au Vietnam, il fallait assurer une formation à ces techniciens», raconte Doan Kim Son, chercheur à l’Ensma et professeur à l’Université de Poitiers, aujourd’hui à la retraite. Dès lors que ce Vietnamien d’origine, poitevin d’adoption, a lancé le mouvement, la coopération avec l’Ensma se poursuit. Au total, huit cents ingénieurs ont été formés au Vietnam et, parmi les meilleurs éléments, vingt-trois étudiants sont venus faire leur doctorat à Poitiers. Et depuis, les coopérations se multiplient et prennent de l’ampleur. 

Une Université d'excellence en sciences et techniques


C’est le cas de l’Université des sciences et techniques d’Hanoï, USTH, «créée à la demande de l’État vietnamien qui voulait voir naître en son sein des universités d’excellence», explique Bernard Legube, directeur de l’École nationale supérieure d’ingénieurs de Poitiers et vice-président du consortium en charge des formations et de la recherche à l’USTH. «L’État a fait appel à plusieurs pays dont la France. Un consortium de cinquante établissements de tout l’Hexagone s’est créé pour envoyer au Vietnam des enseignants français et former, dans les laboratoires français, des étudiants vietnamiens.»
L’USTH propose un parcours LMD (licence-master-doctorat) dans six grands champs disciplinaires porteurs pour l’industrie française : les nanomatériaux ; l’eau, l’environnement, l’océanographie ; les sciences et technologies de l’information et de la communication (Stic) ; l’énergie ; le spatial et l’application satellite ; la biotechnologie et la pharmacologie. Poitiers est présent dans les quatre premiers domaines. L’université est codirigée par un Français et un Vietnamien, et les enseignants sont quasiment tous des Français, dont des professeurs de Poitiers. En 2001, la troisième rentrée a été faite à l’USTH et une fondation a été mise en place pour lever des fonds, avec la promesse de participation de dix grands groupes français et de dix universités. «Le gouvernement français met les moyens pour débloquer des bourses d’études aux étudiants vietnamiens. Quarante doivent venir faire leur thèse en France par an pendant dix ans et dans les six disciplines de l’USTH», affirme Bernard Legube.

Rayonner à l'international


Et quand on lui demande l’intérêt d’un tel investissement, la réponse est sans appel : «C’est une véritable valorisation de notre savoir-faire, l’occasion de vendre nos technologies et de rayonner à l’international.» Même sentiment pour Rémy Mulot, directeur du département informatique à l’USTH et du laboratoire Informatique et interactif à La Rochelle. L’Université de La Rochelle est également engagée dans ce partenariat par un master avec double diplomation (validité en France et au Vietnam) dans l’ingénierie informatique. «Pour le moment, quasiment tous les enseignants de ce master sont français mais l’objectif est que d’ici deux à trois ans, il y ait la moitié d’enseignants vietnamiens. Et, pour chaque département disciplinaire, nous voulons former un laboratoire mixte international», précise Rémy Mulot. Une valeur ajoutée pour donner une dimension plus grande à la recherche développée au sein de l’Université de Poitiers. le parc national de bach ma

Mise sur l'écotourisme


Autre coopération entre l’université et le Vietnam : Prodetour, projet de développement de l’écotourisme autour du parc national de Bach Ma, site naturel qui s’étend sur 22 000 ha dans la province de thua thien Hué. Ce projet de coopération décentralisée est soutenu par le ministère des Affaires étrangères français, la Région Poitou-Charentes est le maître d’ouvrage et les maîtres d’œuvre sont l’Université de La Rochelle et l’École nationale de tourisme de Hué. Mickaël Augeron, enseignant-chercheur et directeur des formations patrimoines et tourismes à l’Université de La Rochelle, coordonne le projet.
Celui-ci est né d’un constat : le parc de Bach Ma souffre d’un manque de fréquentation et son patrimoine se dégrade à cause d’une forte humidité et de la végétation. Sa maison d’accueil, centre d’information pour les visiteurs et espace d’éducation à l’environnement, est vétuste et nécessite un réaménagement.
Écotourisme, valorisation du patrimoine culturel du parc, sensibilisation à l’environnement… Prodetour inclut toutes ces préoccupations dans le développement du parc de Bach Ma. Les sports de nature sont apparus comme une réponse appropriée pour renverser la dynamique et attirer de nouveaux visiteurs (produits d’appel). Pascal Lebihain, enseignant à la faculté de sport de Poitiers, a apporté son expertise pour baliser les possibilités de parcours touristiques dans le parc, un territoire «riche et vallonné, avec des maisons coloniales et des canyons exploitables en randonnée».
Il est allé sur place pour «explorer le parc et ses abords pendant une semaine», explique-t-il. Il a préconisé un parcours acrobatiques en hauteur grand public (ensemble de plates-formes dans les arbres reliées entre elles par des filets, câbles, passerelles, etc.) et un parcours pour les plus aventuriers de deux heures qui découvriront des cascades, des canyons autour de cinq lacs, et observeront arbres et animaux rares… «Ces parcours, poursuit-il, sont fait pour les touristes étrangers, mais pas seulement. Depuis une dizaine d’années, la classe moyenne vietnamienne s’offre des vacances, même des courts séjours.»
L’université de La Rochelle et l’École nationale de tourisme de Hué (ENTH) au Vietnam vont mettre en place des formations pour promouvoir ce tourisme durable par le biais de conférences, séminaires et ateliers pratiques. Objectif : former les professionnels vietnamiens, professeur de l’ENTH, de nouveaux enseignants et des professionnels du secteur à faire émerger et structurer de nouveaux produits et services touristiques, à moderniser la filière économique et renforcer leur savoir-faire dans l’éducation à l’environnement. Ces modules de formation seront assurés par des enseignants français et vietnamiens. Ce nouvel aménagement du parc de Bach Ma doit aboutir en 2013.

Le baudet et le dragon

   

Le baudet et le dragon

 

Depuis la fin des années 1990, la Région Poitou-Charentes et le Vietnam entretiennent des fécondes relations culturelles.

Par Anh- Gaelle Truong Photos Laval

 

Le 

premier orchestre symphonique vietnamien, la première compagnie de danse contemporaine, le premier spectacle de clowns vietnamiens applaudi au festival d’Avignon, le premier grand festival de création du Vietnam, une bande dessinée collective franco-vietnamienne aujourd’hui épuisée, un court métrage franco-vietnamien primé au festival «Aux frontières du court» de Marseille… De nombreuses et fructueuses créations sont à mettre au crédit de la coopération culturelle établie depuis la fin des années 1990 entre la région Poitou-Charentes et le Vietnam. 
 À quoi est due cette réussite ? 
Qu’est-ce que cette «signature Poitou-Charentes» que le producteur nantais Philippe Bouler évoque pour qualifier ces processus de co-création ? Il fallait, au préalable, comprendre la culture vietnamienne : un mélange de social réalisme communiste – prédominant dans l’audiovisuel – et d’excellence classique apportée par l’enseignement russe notamment dans les sphères du cirque, des beaux-arts, de la danse ou de la musique. Le relâchement de l’emprise soviétique ayant conduit à de profonds déficits de formation dans certaines disciplines. Enfin, la volonté de donner à leurs productions une dimension internationale a souvent conduit les Vietnamiens à privilégier l’art de la copie aux dépens de l’expression de leur culture traditionnelle qui n’affleure plus que ça et là.
François Serre, professeur de son au Lycée de l’image et du son d’Angoulême, le Lisa, intervient depuis plusieurs années, plusieurs semaines par an, auprès des élèves de l’École supérieure de théâtre et de cinéma (EStC) de Hô-Chi-Minh-Ville. «La pensée culturelle vietnamienne est communiste et l’ensemble de l’audiovisuel vietnamien a été formé par les Russes. L’idée sociale réaliste selon laquelle les films doivent être compris par tout le monde, sur les cinq continents, ne conduit pas à réaliser de super films…» Et les derniers enseignements datant de 1975, «l’audiovisuel vietnamien souffre d’un réel déficit de formation» – la méconnaissance des évolutions techniques et des codes culturels internationaux l’empêchant de connaître un développement international. «Mon travail consiste à leur redonner un niveau d’écoute et de fabrication international.» Histoire d’en finir avec des erreurs anecdotiques mais significatives comme placer Jingle Bells en bande-son d'une scène se passant en été.

Une forte empreinte Russe


En 2006, au cirque de Hanoï, Hugues Roche, le directeur de la compagnie niortaise de clowns, Les Matapeste, constate : «Les clowns les plus âgés avaient une excellente formation, surtout corporelle, que leur avaient dispensée les Russes. Par contre, ils avaient tendance à se transmettre les numéros d’anciens à jeunes et à vouloir faire du cirque international en copiant les Occidentaux.»
Les atouts et les lacunes du Conservatoire de Hanoï tels que les perçoit en 1997 Claudine Gilardi, directrice de l’Orchestre Poitou-Charentes, sont aussi modelés par les Russes. «Les cordes avaient un excellent niveau grâce à la formation en Russie tandis qu’il n’y avait pratiquement pas de cuivres ou de vents. L’harmonie était très faible et les instruments de très mauvaise qualité.»
En 1998, la chorégraphe Régine Chopinot, alors à la tête du Ballet Atlantique, elle, est très impressionnée par ce qu’elle voit au Ballet-Opéra et à l’École supérieure nationale de danse du Vietnam. «La formation est hallucinante. Ils disposent de studios avec une logistique incroyable et l’enseignement est d’une qualité… Ils apprennent l’histoire, l’anatomie, la musique… Ils sont vraiment très aboutis.» Pas de déficit de formation donc en danse au Vietnam, ni de différence particulière avec les autres pays quand il s’agit d’appréhender la danse contemporaine. «La danse contemporaine, par son abstraction, est compliquée à accueillir partout dans le monde et à tout moment. Même quand Cunningham meurt, la danse contemporaine n’atteint pas le grand public.»

Chez les dessinateurs non plus, pas de déficit de formation à combler, seulement des horizons à ouvrir. Quand Gérald Gorridge, professeur de bande dessinée à l’École européenne supérieure de l’image à Angoulême, anime en 2001 sa première master class à l’École des Beaux-Arts de Hanoï, il trouve de très bons artistes, rôdés aux techniques académiques du dessin de nus, de perspective, à partir de modèles… En revanche, «ils ne connaissaient rien à la bande dessinée».

Création de nouvelles formes


Pour Adrien Guillot, chargé dès l’édition 2006 du festival de Hué d’y faire valoir les arts de la rue, «ces échanges ne s’inscrivent pas dans une logique d’import-export où les Français apporteraient leur modèle. Une véritable coopération est recherchée, entraînant de nouvelles formes de création partagées entre artistes, propices au dialogue des civilisations.» Et pour le producteur Philippe Bouler, associé (à l’époque en binôme avec Jean Blaise) à son organisation depuis la première édition du festival en 20001, ce processus de cocréation franco-vietnamienne est singulier. «ça, on peut dire que c’est la signature du Poitou-Charentes. À Hué, contrairement aux artistes d’autres nationalités qui viennent montrer leur spectacle aux Vietnamiens et repartent au bout de deux jours, les Français préparent les spectacles sur place avec des équipes vietnamiennes.» Ainsi, par exemple, le sculpteur Denis Tricot est venu faire une semaine en repérage en novembre 2009 et a réalisé ses installations
dans le mausolée de l’empereur Thu Duc et dans le palais Dien tho pour l’édition 2010 avec cinq Vietnamiens, professionnels du bois, avec lesquels il a passé une dizaine de jours. «Je n’ai pas eu l’impression d’être un artiste invité, j’ai partagé avec mon équipe tous les moments de travail et de vie quotidienne.»
Pour la prochaine édition du festival qui aura lieu du 7 au 15 avril 2012, la compagnie Carabosse va enfin enflammer la cité impériale – «ça fait douze ans que je les attends !», se réjouit Philippe Bouler. Pour ce faire, seule une équipe réduite viendra des Deux-Sèvres au Vietnam. L’objectif étant d’utiliser les quarante jours de résidence avant le spectacle pour composer une équipe de quarante Vietnamiens et le concevoir sur place.
Philippe Bouler lui-même passe environ quatre mois par an dans la seule perspective de préparer le festival. Et le producteur de multiplier les exemples pour montrer combien ces artistes-là respectent la culture vietnamienne. Ce respect semble d’ailleurs un élément essentiel pour expliquer la relative facilité qu’il a eue à «pousser le bouchon» toujours un peu plus loin dans les propositions faites au Comité populaire, au directeur du festival ou au ministère de la Culture vietnamien.
Alors que la musique au Vietnam ne se conçoit que jouée dans une salle, avec les musiciens et les spectateurs assis, la fanfare niortaise du Snob bouscule les habitudes des rues de Hué en 2008. Alors que le patrimoine sacré et religieux n’a jamais été investi, Denis Tricot obtient l’autorisation des descendants de l’empereur d’installer ses élégantes et sinueuses lignes de bois dans le mausolée de Thu Duc. «En comprenant ce tombeau construit selon les principes taoïstes, j’ai pu instaurer un dialogue avec le site. L’installation a été très appréciée.» Un équilibre savant d’audace – «dès les débuts du festival j’ai dit au comité de pilotage l’impossibilité de fournir des éléments précis sur la teneur des spectacles de création», précise Philippe Bouler – et de respect a permis d’instaurer la confiance entre les Français et les Vietnamiens.

Du temps avant tout


Autres traits communs à ces réussites : le temps accordé et la qualité du savoir transmis. «Les bonnes coopérations donnent de la liberté. Il faut fournir les supports pour qu’ils puissent marcher tout seuls et du temps, au minimum sept ans pour fabriquer une relation ouverte et dynamique», résume Régine Chopinot. De 1998 à 2005, elle multiplie les allers et retours entre La Rochelle et Hanoï pour «transmettre ma passion, causer, entendre, essayer de fabriquer de l’intelligence, de la curiosité, de l’obstination». La chorégraphe a ainsi contribué à donner naissance à la première compagnie de danse contemporaine du Vietnam, la Compagnie +84 créée par trois de ses anciens élèves. «Et, ajoute-t-elle,
les liens que nous avons tissés sont si fort qu’ils ne disparaîtront jamais. Je sais que si un jour je suis SDF je serais toujours accueillie là-bas.»
De 1997 à 2007, Xavier Rist et quelques musiciens de l’Orchestre Poitou-Charentes ont accompagné le Conservatoire de Hanoï dans la création du premier orchestre symphonique du Vietnam. Résultat : au bout de dix ans d’échanges, l’orchestre fonctionne de façon autonome et, aboutissement inimaginable de cette coopération, le groupe de rock français Indochine leur demande d’assurer la partie symphonique du concert du 19 mai 2007 au Palais Omnisport Paris Bercy devant 17 000 personnes. Pour la directrice de l’OPC, Claudine Gilardi, «c’est une belle fin pour une coopération exemplaire». Elle regrette cependant que des liens n’aient pas été conservés avec la Région Poitou Charentes depuis l’envol de l’orchestre vietnamien.
Une belle relation est aussi née entre Les Matapeste niortais et les deux clowns Phung Dac Nhân et Pham Thanh Duong. «Pour nous ce fut une expérience unique et très forte en particulier parce que nous sommes partis de presque zéro», confie Hugues Roche. Pourtant, membres du cirque de Hanoï, Nhân et Duong sont devenus clowns par défaut. Cinq ans après la première session de formation assurée par les Matapeste, suivie de nombreuses autres au Vietnam ou en France ; après avoir approfondi leur appréhension de l’espace, de l’écriture, de la pantomime, les clowns vietnamiens ont créé un spectacle de 55 minutes, en vietnamien, accompagné de musiciens vietnamiens du théâtre Chéo, applaudi au festival d’Avignon 2011 mais aussi au Très grand conseil des clowns de Niort, à Tremblay-en-France ou au Luxembourg. «La clé paradoxale de ce succès en France, explique Hugues Roche, c’est que nous avons réinjecté de l’asiatique dans leur pratique de clowns. Les spectateurs d’Avignon étaient ravis parce qu’ils avaient voyagé.»
Le dessinateur Gérald Gorridge est heureux de l’expérience qui lui est offerte en 2001 d’animer un premier cycle de master class avec une dizaine d’élèves de l’École des Beaux-Arts de Hanoï. En 2004, paraît Ké Moï, un ouvrage collectif très remarqué au Vietnam et en France. Mais il garde du deuxième cycle entamé en 2004 un goût d’inachevé. Ces master class se sont terminées par l’exposition de planches au festival de Hué 2008 sans se traduire par une publication de ce qui devait s’intituler Mat Ké (Le visage raconte). Il regrette que le soutien à l’édition, promis par la Région, ne se soit pas concrétisé. «C’est dommage, même s’il y a des planches, la BD n’existe pas tant qu’elle n’est pas éditée.»

Un marché aussi


Au-delà de sa propre expérience, le dessinateur pointe l’intérêt économique d’une présence de la bande dessinée française au Vietnam. «La croissance vietnamienne atteint 8 % par an, c’est un marché important où il est important d’asseoir l’influence européenne.
Surtout quand on a déjà gagné la confiance des acteurs, c’est regrettable de ne pas continuer et de se faire rattraper par les autres.» Les autres : les mangas japonais et la BD belge. «Les Belges ont créé un festival de BD qui se déroule en juin à Hanoï, les auteurs présents sont exclusivement belges.» L’intérêt économique est aussi évoqué par François Serre, du Lisa. «Il ne faut pas négliger cet aspect de notre coopération. Si nous ne formons pas les élites vietnamiennes au cinéma européen, ils n’achèteront jamais nos films.».

Festival de Hué 2012


Le festival de Hué est né en 2000 avec un soutien financier français d’un million de dollars (ministères des Affaires étrangères, de la Culture, secrétariat d’État au Tourisme, Régions Poitou-Charentes et Nord-Pas-de-Calais, sponsors) dégressif au fil des éditions. Seule à n’avoir pas réduit ses engagements, la Région Poitou-Charentes est à ce jour le partenaire principal du festival en attribuant 150 000 euros.
Venues du Poitou-Charentes pour représenter la région, principal partenaire du festival, la fanfare Jazz Combo Box anime les rues de Hué, la compagnie Carabosse enflamme littéralement la cité impériale et la scénographe Vanessa Jousseaume propose des écoutes alanguies de textes extraits de la littérature romantique vietnamienne sur ses Oreillers rouges. 
D’autres artistes français, invités par la ville de Rennes ou l’ambassade de France, se joignent aux centaines d’autres venus du monde entier pour cette 7e édition du festival de Hué qui se déroule du 7 au 15 avril.

www.huefestival.com


Dans le dialogue des civilisations


Dans le dialogue des civilisations

Article de "L'actualité Poitou-Charente"


Par Paul Fromonteil


Paul Fromonteil, ancien vice-président de la Région Poitou-Charentes,délégué général de l’Association internationale des régions francophones (AIRF),membre du PCF, est l’un des principaux artisans des relations avec le Vietnam.

L’Actualité. – Entre la France et le Vietnam l’histoire n’a-t-elle pas entremêlé des liens et des obstacles ?

Paul Fromonteil. – L’Indochine a été pendant cent cinquante ans un des «joyaux» de l’empire français. L’Indochine a longtemps fasciné. Marguerite Duras, Régine Deforges ont su magnifiquement dire comment cette fascination se dégageait dans les contradictions et les confrontations. Mais cinquante ans après Dien Bien Phu des possibilités particulières sont ouvertes pour les relations entre le Vietnam et la France. Grâce à sa longue façade maritime, le Vietnam fut le carrefour des mondes chinois, hindouistes, malais, etc. C’est la source de son charme. Mais la constitution de son unité et de son indépendance n’a été possible que par l’affirmation d’une identité originale intégrant des apports diversifiés de civilisations. Ainsi l’apport de l’apport de la France ne se limite pas à l’alphabet occidental et à l’urbanisme des villes. L’affirmation du Vietnam dans l’espace francophone est une signe de sa singularité mais aussi une volonté d’équilibre géopolitique avec le voisinage de la puissance du «grand frère» chinois.Regarder avec lucidité l’histoire, avec ses brûlures, c’est aussi dégager les éléments qui poussent vers un monde juste et de fraternité.

Comment appréciez-vous les relations établies entre le Poitou-Charentes et le Vietnam ?

Dès 1997, le Poitou-Charentes s’est fortement engagé dans des coopérations, principalement avec la Région de Hué mais aussi celles d’Hanoi (avec le conservatoire et l’orchestre national) et de Saigon (pour la danse contemporaine et l’École nationale de cinéma). Le contexte était celui du 7e sommet de la francophonie qui se tenait à Hanoi. Nous étions en période de cohabitation entre Jacques Chirac, Président de la République, et Lionel Jospin, Premier Ministre. Ces quinze années de coopérations de la Région avec le Vietnam sont remarquables par leur diversité. Des relations technologiques et humaines ont été tissées dans les domaines économique, culturel, universitaire, hospitalier. L’intérêt c’est d’être en situation de partenariat avec un pays en plein essor. Après quarante années de guerres terribles – il est tombé sur le Vietnam plus de bombes que sur l’ensemble du globe terrestre pendant la Seconde Guerre mondiale –, ce pays connaît une croissance à la fois démographique et économique : 85 millions d’habitants dont 40 % de jeunes de moins de 25 ans ; doublement du PIB en dix ans. La persistance de phénomènes négatifs – inflation et corruption – n’empêche pas le Vietnam d’être reconnu comme un pays à revenus moyens. Son rôle international s’affirme : ilest l’un des moteurs du Sud-Est asiatique. Dans ces conditions, les coopérations peuvent se situer dans un esprit de réciprocité et d’échanges mutuellement avantageux. Par exemple, l’Ensma et l’Ensip forment des ingénieurs cependant que Vietnam Airlines s’équipe en Airbus.

Le Vietnam, le Laos et le Cambodge sont officiellement dans l’espace et les instances francophones. Pourtant le français est complètement dépassé par l’anglais…

L’usage du français a toujours été limité, même au temps de l’Indochine coloniale, et malgré les efforts actuels il régresse encore. La seule façon d’assurer son avenir, c’est le développement des coopérations,des relations et rapports de tous ordres. De ce point de vue, il y a des raisons d’être optimiste : l’arithmétique démographique conduit le Vietnam à accueillir chaque années 600 000 élèves et étudiants supplémentaires. Les autorités ont le souci d’assurer une diversité culturelle et linguistique la plus large et la plus élevée possible. C’est une chance à saisir pour la francophonie ! Les coopérations universitaires comme les jumelages de lycées picto-charentais avec ceux de Hué et de Saigon sont des éléments pour répondre à la nécessaire défense du français. Certes la francophonie ne se limite pas à l’usage du français mais, dans la mondialisation, un espace linguistique francophone est un absolu besoin pour garantir la diversité culturelle de l’humanité. Le multilinguisme est aussi nécessaire pour la planète que la biodiversité !

Dans une mondialisation qui suscite peurs et crises, les coopérations et la francophonie  sont-elles des éléments de réponses ?

Nous participons à l’ingénierie culturelle et nos artistes, nos créateurs sont en haut de l’affiche. En retour, nous recevons des clowns, des cinéastes, des danseurs vietnamiens…
Ce dialogue des civilisations nourrit la recherche des valeurs, des biens communs, pour surmonter les peurs et donner du sens à la vie de chacun. Nous sommes dans une phase de l’évolution de l’humanité où se cherchent de nouvelles formes de développement des sociétés. Dans cette recherche, les notions de coopération et d’interpénétration des niveaux de gouvernance sont essentielles. Lorsque Edgar Morin propose une «politique de civilisation», il part du constat que la Terre est une maison commune et que chaque être humain vit une communauté de destin avec les autres. Les pays, les territoires, les collectivités ne peuvent vivre en vase clos, ils sont emportés par un mouvement planétaire. Les projets partagés dans les coopérations prennent naturellement des dimensions sociales, solidaires et citoyennes dans des démarches innovantes. Au Vietnam comme en Afrique ou dans les Amériques, la francophonie n’est pas le reliquat d’une puissance coloniale. Elle doit être un élément pour le vivre ensemble dans un monde de fraternité.